Un nouveau rapport du centre britannique à but non lucratif Center for Countering Digital Hate (CCDH) a révélé que rien que cette année, le propriétaire de X Elon Musk a diffusé de fausses informations sur les élections américaines et la campagne présidentielle des démocrates dans 50 messages. Ses affirmations ne sont toujours pas vérifiées sur la plateforme, même pas par la propre fonction "Community Notes". Selon Imran Ahmed, PDG de CCDH, l'absence de ces vérifications des faits "montre que son entreprise échoue lamentablement à endiguer le type de haine amplifiée par des algorithmes, dont nous savons tous qu'elle peut conduire à des actes de violence réels, comme ceux que nous avons connus le 6 janvier 2021".
Le rapport cite 50 messages publiés sur le compte X de Musk entre le 1er janvier et le 31 juillet et contenant des affirmations sur l'élection qui ont été prouvées fausses par des vérificateurs de faits indépendants. Ces posts portaient principalement sur l'affirmation selon laquelle le Parti démocrate importait des électeurs pour obtenir un avantage électoral. Le 28 mars, il a avancé la théorie de la conspiration : "Le but des démocrates est d'importer des électeurs" et le 26 février : "Les démocrates ne déporteront pas parce que tout clandestin finira très probablement par voter". Le site Politifact a qualifié cette dernière affirmation de "fausse" et a fait référence aux 3,6 millions d'immigrés qui seront expulsés des États-Unis entre février 2021 et septembre 2023 sous l'administration du président Biden.
Dans une demi-douzaine de ses posts, Musk affirme également que le système électoral américain est hautement sujet à la fraude. Dans un X-Post du 15 juin, il a appelé à la suppression des machines à voter électroniques, car elles "peuvent être piratées par des humains ou par l'intelligence artificielle". Il a également affirmé que "le vote par correspondance et le vote à l'urne ne devraient pas être autorisés", accompagné d'une vidéo de Jesse Waters de Fox News et de Mike Johnson, le président de la Chambre des représentants, qui se sont exprimés sur la facilité avec laquelle les non-citoyens peuvent participer aux élections américaines. Ces deux interventions n'ont pas été corrigées. (Le Brennan Center for Justice qualifie les cas de fraude électorale d'"extrêmement rares" et souligne que les États ont "plusieurs niveaux de sécurité pour se protéger contre la fraude").
L'un des messages de Musk contenait même une contrefaçon générée par l'IA de la candidate démocrate et actuelle vice-présidente Kamala Harris. Dans cette contrefaçon, on entend la voix de quelqu'un qui prétend être Harris et qui parle de la façon dont elle est "l'attitude ultime de la diversité", comment elle essaie de "sonner noir" et de "faire semblant de célébrer Kwanzaa". Là encore, aucune remarque de la communauté ou correction, alors que le partage de "médias synthétiques, manipulés ou sortis de leur contexte" est directement contraire aux directives de X.
D'après le rapport du CCDH, les 50 tweets ont été consultés ensemble environ 1,2 milliard de fois sur X.
Sur la base de ces contributions et d'autres contributions de Musk, Ahmed a demandé une modification de la section 230 du Communications Decency Act de 1986 afin de rendre les entreprises de médias sociaux "aussi responsables que n'importe quel journal, chaîne de télévision ou entreprise en Amérique".
Le CCDH est actuellement en litige avec Musk et X Corp. La société mère de X a déposé une plainte fédérale à San Francisco contre le groupe à but non lucratif, affirmant que Musk a fouillé illégalement leurs serveurs et a délibérément sélectionné des messages haineux dans le cadre d'un mouvement de panique visant à faire fuir les annonceurs", peut-on lire dans les documents judiciaires.
Nous avons essayé de contacter X pour un commentaire, mais il est peu probable que nous recevions une réponse détaillée - le site a pratiquement dissous son équipe de relations publiques sous la direction de Musk.
